Chapitre 8 - Les cahiers de Dina

La nuit les avait enveloppés comme un linceul. Une couverture d'obscurité épaisse qui semblait avaler le monde entier. Amand et Yaël qui avaient emprunté des chemins de traverse qui sillonnaient la ville entrecoupée çà et là de ruelles détournées. Leurs ombres flottaient dans le noir comme deux fantômes.

Leurs pas silencieux dans l'herbe pleine de rosée se risquaient à quelques petits bruits lorsque le chemin qu’ils empruntaient se dégarnissait un peu. Yaël menait le chemin, Amand la suivait comme son dans le labyrinthe des arrière-cours. Les quartiers étaient calmes, presque sereins. Chaque bruissement de feuilles, chaque murmure du vent à travers les arbres semblait tenir un secret, une histoire indicible.

Au bout d’un moment, ils empruntèrent un petit chemin sinueux et étroit qui se faufilait à l’arrière de jardins. De part et d’autre, des haies assez hautes entrecoupées de petite barrières lui donnait une allure sombre et mystérieuse. Soudain, les ayant entendus, un chien se mit à aboyer avec insistance à leur passage. Yaël fit signe à Amand de s’arrêter un instant. Accroupis tous les deux, ils purent voir à travers la haie, une véranda s’éclairer. Une femme, en peignoir sortit et se mit à hurler sur la pauvre bête qui finit par rentrer à sa niche. Ils attendirent un petit moment et quand les lumières s’éteignirent, ils reprirent leur marche.

Après un court instant, devant un petit portail en bois au bout du troisième jardin. Yaël s’arrêta, ses yeux reflétaient le clair de lune.

— “C’est ici !” dit-elle en chuchotant. “Je vais rentrer en profitant pour regarder au passage si les voisins dorment. Si c’est bon je ferai clignoter ma lampe de poche trois fois dans la véranda. Et tu pourras venir me rejoindre.”

— “Et si ça ne va pas ?”

— “Si jamais il y a un problème je viendrai te retrouver, je connais un autre endroit où on peut aller.”